Depuis le 1er juin, le Ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, s’est prononcé pour l’interdiction du Cruiser OSR, un pesticide utilisé en traitement de semences sur les cultures de colza. Cette décision fait suite à la publication d’un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) qui postule que la substance aurait une incidence sur l’orientation des abeilles qui se voient incapables de retrouver le chemin de la ruche.
L’ANSES, qui avait pourtant approuvé, en juin 2011, l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du Cruiser, est revenue sur ses positions après que les conclusions d’une équipe de chercheurs pluridisciplinaires (INRA, CNRS, ACTA, ITSAP) a démontré que le thiamétoxam, une molécule contenue dans le Cruiser, provoque sur les abeilles des troubles neurologiques. Perturbées dans leur comportement, celles-ci s’égarent et finissent par mourir. Néanmoins, l’ANSES relativise les résultats de ces études en prétextant que les doses employées dans les expériences étaient quatre fois supérieures à celles auxquelles sont exposées les abeilles. Même si elle ne nie pas que l’usage de telles quantités soit pratiqué en des circonstances particulières.
La nouvelle a par ailleurs été saluée par le monde de l’apiculture qui dénonce depuis quelques années les menaces que fait peser le Cruiser sur la pollinisation des plantes à fleurs et par conséquent sur la sauvegarde de la biodiversité. En effet, un phénomène important de mortalité des colonies d’abeilles a été observé un peu partout dans le monde depuis le début des années 2000 et suscite beaucoup d’inquiétudes. Et pour cause, les abeilles sont un indicateur formel de l’équilibre environnemental et représentent à elles seules 35% de la production alimentaire mondiale.
A deux mois des semis, cette décision a, en revanche, été accueillie avec amertume par les agriculteurs qui craignent que l’interdiction du Cruiser ne porte préjudice à la rentabilité de leur champ de colza. Ce à quoi le ministre de l’agriculture répond que de nombreux autres moyens sont à leur disposition pour protéger leurs cultures. Enfin, le groupe suisse Syngenta, qui commercialise le pesticide, dispose encore d’une semaine pour communiquer au Ministère de l’agriculture ses observations, après quoi, l’interdiction pourrait devenir effective.
Affaire à suivre …
Article rédigé par Asma El Kabir pour Bionoor.
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