Le secteur agricole se renouvèle et attire notamment une nouvelle frange de la population. D’agriculteurs, ils deviennent plus que jamais entrepreneurs. Une des clés pour créer de la valeur ? Les démarches de labellisation, et le bio notamment. Le point de vue d’Hadj Khelil, entrepreneur, fondateur de Bionoor.
Il n’échappera à personne que les agriculteurs s’investissent à plein temps dans leurs exploitations que ce soit physiquement, matériellement et même moralement, cherchant ainsi à pérenniser et à développer leur projet dans le temps. En somme, ce sont de véritables entrepreneurs, et à ce titre ils souhaitent optimiser leur système de production tout en valorisant leurs produits. Oui, mais comment faire ? Au vu de la tendance actuelle, il semblerait que, pour eux, la solution résiderait dans le bio.
Le logo « AB » revêt des valeurs unanimement intégrées et défendues telles que la protection de l’environnement et de la santé publique. Or du côté des consommateurs, on exprime justement le souhait de consommer des produits qui ont du sens et de la qualité. C’est pourquoi, les produits alimentaires estampillés « agriculture biologique » ont une valeur sur le marché, au présent comme pour l’avenir. Il n’est donc pas étonnant de voir les entrepreneurs agricoles faire le saut dans le bio, quitte à changer profondément leur système de production. En 2012, l’agriculture biologique a représenté 4,5% de la surface agricole en France, soit 1 million d’hectares (2/3 en bio et 1/3 en conversion bio), avec une progression d’environ 10% en terme de surface.
Trois règles fondamentales à respecter
Mais n’est pas producteur bio qui veut. Pour pouvoir apposer le logo « AB » sur un produit, il faut se conformer aux principes fixés par le règlement européen CE 834/2007. Ce texte juridique d’une trentaine de pages, énonce trois familles de règles fondamentales et cumulatives.
La première porte sur la naturalité. Cette règle impose une production naturelle, sans produit chimique de synthèse. Pour donner un exemple, prenons le cas d’un éleveur de bovins : afin d’obtenir la certification « AB », il devra nourrir ses bêtes avec des produits bio et exclure toute utilisation d’hormone de croissance ou d’antibiotique à titre préventif.
La seconde est relative à la traçabilité. A tout moment, le producteur doit pouvoir justifier l’origine des éléments entrant en jeu dans la fabrication du produit. La traçabilité permet également d’éviter la fraude. En effet, les escroqueries liées à l’apposition de la mention « bio » n’est pas qu’une hypothèse. C’est pourquoi l’obtention de la labélisation est assortie à des contrôles rigoureux, y compris sur les emballages des produits.
La troisième règle fait appel à un protocole énonçant divers principes juridico-éthiques. Pour mieux comprendre, reprenons notre élevage de bovins : lorsque l’animal arrive en fin de vie, le règlement européen impose que l’abattage doit être réalisé avec le minimum de souffrance possible. En cas de manquement à cette règle, la viande ne pourra être considérée comme biologique, même si l’élevage de l’animal a respecté les règles de naturalité et de traçabilité.
Au final, l’agriculture biologique offre des produits d’une qualité nettement supérieure par rapport aux produits conventionnels, répondant ainsi à la demande des consommateurs, tout en ouvrant des perspectives d’avenir aux agriculteurs français.
A retenir :
L’Agriculture est à l’origine d’une chaine de valeurs qui comprend aussi la transformation et la distribution. Celle-ci représente autant d’opportunités d’entreprendre « bio » pour satisfaire une clientèle toujours plus soucieuse d’une différenciation conforme à la protection de l’environnement et à l’Ethique.
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